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MICHELANGELO ANTONIONI
La caméra à la place des mots
Le cinéma n’en finit plus d’être endeuillé en cette sombre année. Après Serrault et Bergman, l’Italie pleure la disparition de Michelangelo Antonioni.
Michelangelo Antonioni est un scénariste et réalisateur de cinéma italien né à Ferrare (Émilie-Romagne) le 29 septembre 1912 et décédé à Rome le 30 juillet 2007.
Dans l’univers d’Antonioni, l’homme est seul face à son destin, exalté mais en proie aux doutes dès qu’il croit aimer. L’absurdité de l’existence devient une certitude qu’il accepte mal. Et comme le héros tragique, sa destinée est vouée à un échec certain qui prend toute sa puissance et sa beauté dès lors que le combat aura été sans merci. “Le cinéma d’aujourd’hui doit être plus lié à la vérité qu’à la logique”, expliquait-il pour déchiffrer son art. L’homme reste finalement impuissant face à la nature et c’est pourquoi les paysages prennent toujours l’emprise sur les personnages dans ses films. De cette vision du monde et du cinéma, Antonioni restera pour tous comme un descendant des grands peintres de la Renaissance qu’il vénérait.
Sa vision pessimiste dérange et même s’il est consacré à de nombreuses reprises, de Venise à Berlin en passant par la Croisette, le réalisateur doit lutter contre la censure et les critiques qui comprennent mal son oeuvre. Pourtant, ‘Le Cri’ (1956), un road-movie qui lui assurera une stature internationale, ‘L’Avventura’ (1960), ‘La Nuit’ (1961) , ‘L’Eclipse’ (1962), ‘Le Désert rouge’ (1964) ou encore ‘Blow Up’ (1967) sont incontestablement passés à la postérité, et il n’est pas une âme qui ne pleure la disparition de ce génie du 7e art.
L’autre thématique récurrente dans l’oeuvre d’Antonioni reste cette fascination pour les femmes, dont il pensait que leur âme était le meilleur miroir de l’être humain. Monica Vitti devient l’égérie du réalisateur, partageant les tournages et la vie à deux. Et fidèle à sa vision du monde, le cinéaste dépeint dans ses films des personnages féminins torturés, en proie à la solitude et à la trahison dans ‘L’Avventura’ ou encore matérialistes et névrosées dans ‘Le Désert rouge’.
Ainsi en 1967, ‘Blow Up’ qui raconte les errances d’un jeune photographe croyant assister à un meurtre remporte la Palme d’or au Festival de Cannes et rapporte plus de vingt millions de dollars à travers le monde. Un succès qui lui ouvrira grand les portes de l’Amérique. Sans jamais se compromettre.
Une fin de vie héroïque
Même si les derniers films qu’il a réalisés n’ont pas la fraîcheur des débuts, l’histoire retiendra aussi le courage de celui qui, atteint d’un accident cérébral, deviendra paralysé et aphasique. Homme déterminé, il ne renonce pas à sa passion et aidé par Wim Wenders, il continue de tourner à quatre-vingts ans passés, malgré la réticence de nombreux producteurs moins sensibles à l’héroïsme et à la passion d’Antonioni qu’aux précieux dollars qu’ils espèrent faire fructifier.
La passion l’accompagnera jusqu’au seuil de sa vie, puisqu’il est mort à sa table de travail où il continuait à peindre ses abstractions.